Bouvier, voyager et faire apparaître le monde

Comment un jeune écrivain suisse inconnu a-t-il pu bouleverser la littérature de voyage jusqu’à s’imposer aujourd’hui comme un classique incontournable ? C’est le mystère Nicolas Bouvier.

Pourquoi L’Usage du monde, récit d’un voyage entrepris en 1953 sans esprit de retour par Nicolas Bouvier et Thierry Vernet sur les routes poussiéreuses de l’Europe centrale et de l’Asie Mineure en direction de l’Inde, à bord d’une modeste Fiat Topolino, est-il devenu un classique incontournable de la littérature de voyage ? Comment Nicolas Bouvier a-t-il pu, en une série de récits retraçant ses pérégrinations à Ceylan, au Japon, en Corée, en Irlande et en Écosse, imposer un style inimitable, une façon de disparaître pour faire apparaître le monde et révéler des instants fulgurants qui transformeront le lecteur ? En quelle mesure a-t-il pu apporter un nouveau regard, fait de respect, d’écoute et de totale disponibilité à l’autre, bref inventer une expérience existentielle du voyage ? Telles sont les questions qui orientent cet essai.

Olivier Salazar-Ferrer vit en Écosse et enseigne la littérature française à l’Université de Glasgow. Spécialiste de la littérature du voyage, il a consacré plusieurs essais à l’oeuvre de Nicolas Bouvier (L’Usage du monde de Nicolas Bouvier, Infolio/ACEL, Le cippe, 2015 ; Chronique japonaise de Nicolas Bouvier, en collaboration avec Saeko Yazaki, Infolio/ACEL, Le cippe, 2018). Il est également l’auteur de nombreuses études sur Blaise Cendrars, Victor Segalen, Albert Camus, J.M.G. Le Clézio, Kenneth White et Jean Giono, ainsi que sur la philosophie existentielle de Benjamin Fondane et Rachel Bespaloff. Romancier, il a publié Un Chant dans la nuit (Corlevour, 2006) et Les Possessions transparentes (Corlevour, 2014).