Honegger, un architecte de la musique

Si, comme le voulait Schelling, « l’architecture est une musique figée », au XXe siècle nul n’a su mieux montrer qu’Honegger que la musique était une architecture en mouvement.

Arthur Honegger (1892-1955) est, de tous les compositeurs suisses, celui dont le rayonnement au XXe siècle a été le plus grand. Célèbre dès le triomphe en 1921, au Théâtre du Jorat, du Roi David, qui a donné une vie nouvelle au genre de l’oratorio, il s’est illustré dans tous les genres musicaux, mais plus spécialement dans les grandes fresques lyriques et chorales (Antigone, Nicolas de Flue, Jeanne au bûcher, La Danse des Morts) et dans la musique symphonique : ses 5 symphonies sont parmi les plus marquantes du répertoire moderne, et des pages comme Pacific 231 ou Rugby ont su faire dialoguer la musique avec la modernité de notre civilisation. Compositeur à la fois profondément lyrique et architectonique, Honegger anime ses oeuvres d’un souffle qui est la marque des plus grands.

Alain Corbellari est professeur de littérature française médiévale aux universités de Lausanne et de Neuchâtel. Spécialiste de l’histoire des études médiévales et de la réception de la culture médiévale dans la Modernité, il est également musicologue. Parmi ses ouvrages on peut citer Joseph Bédier, écrivain et philologue (Droz, 1997), Les Mots sous les Notes. Musicologie littéraire et poétique musicale dans l’oeuvre de Romain Rolland (id., 2010), Des fabliaux et des hommes (id., 2015), Le Moyen Âge à travers les âges (Alphil, 2019) et Frank Martin : un lyrisme intranquille (Le Savoir suisse, 2021). Aux éditions Infolio, il a édité le grand poète du XIVe siècle, Othon de Grandson (Poésies choisies. Le Livre Messire Ode et Poèmes de la Saint- Valentin, Microméga, 2017) et publié deux essais consacrés à Cingria (Florides helvètes de Charles-Albert Cingria, Le cippe, 2011) et Cingria, le vagabond des neumes (Presto, 2019).